ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisDe Jésus-Christ à JésusÉtude référentielle et archéologique des évangiles |
Jésus, de sa naissance à sa résurrection : |
Avertissement Sommaire Introduction Les Écritures et le salut Jésus, de sa naissance à sa résurrection - Le prophète du salut - Le Christ et fils de Dieu - Évangiles et annonce du salut . Le texte des Écritures . Le texte des évangiles . Analyse comparative La personne de Jésus . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Analyse comparative des deux textesNous sommes au temps d’Achaz, roi de Juda connu pour avoir abandonné le culte de Dieu, en offrant des sacrifices aux Dieux sur les hauts lieux. Dans le contexte de la guerre Assyro-Éphraïmite, Rançon, roi d’Aram, et Pékan, roi d’Israël, veulent entraîner Achaz à leurs côtés contre l’Assyrie. Achaz refuse, et ils l’assiègent. Achaz envoie alors l’or de son palais royal et du temple à Téglat-Phalasar, roi d’Assyrie, pour demander secours. Le roi d’Assyrie, qui avait attaqué Damas et Samarie, se débarrassa d’Aram et de Pékan mais, tout en aidant Achaz, le réduisit à la condition de vassal. C’est dans ces circonstances que fut prononcé le « signe de l’Emmanuel », donné par le prophète et rappelé par Matthieu. Isaïe conseille à Achaz de ne pas se lier à Téglat-Phalasar et de ne pas avoir peur de Rançon et de Pékan. Il l’exhorte à demander un signe à Dieu, mais le roi refuse. Alors Isaïe manifeste à Achaz un signe : Dieu lui-même l’assure de rester tranquille devant ces rois ennemis parce qu’ils seront détruits. Le signe est celui de « l’Emmanuel », que je rapporte plus haut (Is 7:1-17). (Pour le contexte historique du signe, voir 2 R 16:5-18 et 2 Ch 28:26-27). Mais examinons le texte du « signe » donné à Achaz par Dieu lui-même. « Voici la jeune femme (alma) est enceinte et elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. Il mangera du lait caillé et du miel jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. Mais avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée la terre, dont les deux rois te jettent dans l’épouvante » (Is 7:14-16). Il ne s’agit pas d’une « vierge » (betoula), mais d’une « jeune-femme » (alma), même si, dans le texte grec, on trouve « partenos » (vierge), la traduction « jeune-femme » est donc seule exacte. L’article « la » jeune-femme (ha alma), montre que le prophète n’entend pas parler « d’une » jeune femme déterminée, mais de toute jeune femme enceinte à ce moment en ville et dans le pays : on peut affirmer, par exemple : « la jeune-fille française d’aujourd’hui n’est pas celle du Moyen-âge ». Elles ne doivent pas avoir peur d’un éventuel manque de nourriture pour leurs enfants à cause d’une situation de guerre : ils seront bien nourris dans cette période de menace étrangère : Dieu les protège, ils mangeront « du lait et du miel », pour exprimer la nourriture habituelle des enfants, sans aucun souci de pénurie. Le bien être des enfants durera jusqu’à l’âge de leur jeunesse. Les hommes seront en paix, et les ennemis ne pourront plus inspirer de peur, parce qu’ils seront tués. Quant au nom « Emmanuel », il est pris relativement à son signifié : « Dieu avec nous ». Ainsi tous les enfants des jeunes filles mariées à partir de cette époque seront appelés « Emmanuel », parce que Dieu sera avec eux. On remarquera que, dans le texte hébreu, le nom « Emmanuel » est écrit comme une phrase : « Dieu avec nous » (chemo amenu el). Elle prend le sens que tous les enfants sont des « Emmanuel », c'est-à-dire que Dieu sera avec tous. S’agit-il d’un signe ? Sans doute, puisqu’au moment où le prophète parle, les ennemis sont encore là. Son annonce est donc prophétique. Le sens du texte des Écritures est donc clair : la situation de guerre ne contraindra pas les habitants à changer leur mode de vie. Ce passage est repris par l’évangile de Matthieu dans le chapitre sur la naissance de Jésus. On notera avant tout que le texte de l’Écriture est transformé en « oracle (reten) prophétique » (Mt 1:22). « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils et on l’appellera du nom " Emmanuel ", qui se traduit : " Dieu avec nous " » (Mt 1:23). Deux affirmations, donc, dans cet oracle : il ne s’agit pas comme dans le texte biblique d’Isaïe de la « jeune-fille enceinte » mais de la conception par une vierge, conformément au récit concernant Joseph, époux de Marie, qui avait « trouvé sa fiancée enceinte ». Mais l’évangéliste ne rapporte pas exactement le mot hébreu « jeune-fille » (alma) qu’il transforme en « vierge » : « la vierge » est enceinte ! L’affirmation se rapporte à Marie. À la lecture du texte d’Isaïe en hébreu, non seulement on ne trouve aucune référence à la conception virginale de Marie, mais on constate qu’il ne fait aucune allusion à la conception. L’oracle de la naissance du Christ d’une mère vierge n’existe pas. Dans les textes grec et latin, au contraire, on traduit l’expression « jeune-fille » par « vierge », exprimant ainsi que la conception a été virginale, privée de tout rapport sexuel. Au lieu de traduire le mot hébreux « alma » (jeune-fille) par son correspondant grec, « e pais » et latin « filia », on y trouve « parthenos » et « virgo » dont le sens est bien « vierge ». L’intérêt premier de Matthieu est de trouver une vierge mise enceinte par le Saint Esprit, ce qui est tout a fait absent du texte d’Isaïe, dans lequel on ne parle pas de la « vierge », mais de la « jeune-fille » mariée du peuple. Puis il continue par l’allusion au nom de l’enfant qui, pour lui, a le sens réel d’« Emmanuel » de l’enfant engendré par le Saint Esprit, sens qui est tout aussi étranger au texte d’Isaïe. On se trouve donc devant un récit déconcertant, contradictoire et trompeur ! Matthieu est en train de raconter la naissance de Jésus, et traduit « jeune-fille » en « vierge », la trouvant dans la mère de Jésus. Or ce texte est un faux, au sens de falsification du récit biblique ! De plus, cette falsification est présentée comme un oracle de Dieu, qui doit garantir la vérité de la narration de l’évangile ! C’est tout à fait inouï, susceptible d’assurer le lecteur que l’évangile n’est qu’un faux dans sa référence biblique. Mais il convient d’arrêter de gémir sur la parole des évangiles, pour s’efforcer de garder présent à l’esprit leur nature et leur rôle dans le processus de l’œuvre du salut. Les Écritures et les évangiles se trouvent sur la même ligne de salut, mais dans des moments successifs : les Écritures précédent, les évangiles suivent. Les Écritures conduisent l’homme au-delà du péché par la Loi ; l’évangile, par la foi au Christ, dans le sacrifice expiatoire de sa mort. Le salut est donc le même, mais différent dans les deux phases. Or l’évangile ne rapporte pas les Écritures dans leur sens littéral, mais dans celui qu’il leur donne. Disons donc que le sens est littéralement faux, mais apte à être interprété comme son annonce prophétique. Il en résulte que l’Écriture est la prophétie de l’évangile, et celui-ci son accomplissement pour elle. Il est dès lors impossible de séparer les deux textes, dont l’un est accomplissement de l’autre. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tf123300 : 06/06/2018 |